(1) Enfance en Corée du Sud
Maitre Lee Kwan-Young est né le 19 avril 1946 en Corée du Sud. Il est descendant de l’amiral Yi Sun-Sin, héros national de guerre qui repoussa l’invasion Japonaise au XVIe siècle.
Maitre Lee est l’aine d’une famille de 4 enfants. Il a une sœur cadette, et deux demi-sœurs issues de l’union de sa mère et du conjoint avec lequel elle a refait sa vie après la guerre.
Maitre Lee a perdu son père enfant, en marge de la guerre de Corée. Maitre Lee affirme se souvenir d’avoir assisté à l’enlèvement de son père par des agents de Corée du Nord.
Après la guerre, sa mère abandonne son fils et sa fille pour aller refaire sa vie. Maitre Lee et sa sœur sont alors sépares, et vivent ballotés de chez un oncle a l’autre. En dépit d’avoir toujours été un excellent élève, son incapacité à payer les frais de scolarité et à manger à sa faim lui fait réaliser qu’il doit trouver une autre voie que les études pour pouvoir survivre.
Il passe son enfance à errer dans les rues, d’un petit boulot à un autre, lorsqu’à l’âge de 9 ans, il assiste à un entrainement de Taekwondo au travers de la vitre de l’académie.
Maitre Lee est fasciné par la rigueur et la structure de l’entrainement, mais surtout y voit un moyen d’apprendre comment se battre, et se venger des injustices de la vie.
A l’époque, la pratique est strictement réservée aux adultes, et pourtant, Maitre Lee ne peut s’empêcher de revenir espionner discrètement les entrainements depuis l’extérieur du bâtiment, et d’imiter les mouvements.
C’est alors qu’il est repéré par Maitre Um Un-Kyu, l’un des pères fondateurs du Taekwondo, qui se prend d’affection pour le jeune garçon, et le place sous la tutelle de Maitre Park Hae-Man, qui était à l’époque instructeur junior.
Maitre Lee poursuit sa pratique des arts martiaux toute sa jeunesse, n’hésitant pas à utiliser ses talents pour réparer toutes les injustices dont il est témoin. La seule qu’il ne reussira jamais à reparer : les violences dont sa mère a été victime dans sa nouvelle vie.
Lorsqu’il termine le lycée, ses résultats académiques sont toujours aussi excellents. Sous l’encouragement de ses professeurs et de ses camarades, il demande à ses oncles de lui payer les frais d’inscription pour l’université de Seoul. Ses oncles se concertent, refusent, et lui offrent d’aller travailler à l’usine des tanneurs de peau. Maitre Lee refuse et décide de s’engager dans l’armée.
Apres une année passée dans les forces militaires, lorsque sa sœur cadette lui apprend qu’elle aimerait aller à l’université, Maitre Lee se porte volontaire pour aller au Vietnam, pour pouvoir lui payer ses études.
(2) Le Vietnam, le retour en Corée, et le départ pour la France
Maitre Lee commence sa carrière militaire en Corée dans la division “White Horse”. Puis lorsqu’il se porte volontaire pour aller au Vietnam, il est nommé instructeur de combat au corps-à-corps (“close combat”) pour les bérets verts américains.
Cette expérience aura un impact déterminant sur sa philosophie de la pratique, car après avoir passé les 20 premières années de sa vie en Corée, il se trouve nez-a-nez pour la première fois avec des soldats noirs américains dont certains font plus d’1m85 pour 95kg de muscles.
Apprenant que leur instructeur de close combat est un jeune coréen d’à peine 1m70, l’un des soldats demande à pouvoir tester ses compétences.
Maitre Lee réalise immédiatement que dans un combat prolonge, il n’aura aucune chance de pouvoir tenir la distance face au physique impressionnant de son adversaire qui semble être un solide pratiquant de boxe anglaise. Il comprend alors qu’il n’y a qu’une seule issue pour lui : frapper le premier, et mettre son adversaire k-o.
Un coup de pied rotatif au visage et quelques années plus tard, le profil de Maitre Lee attire l’attention des services secrets coréens. Ces derniers souhaitent l’intégrer au sein d’une troupe d’élite dont la mission est de s’infiltrer en Corée du Nord pour aller renverser le gouvernement en place par la force.
Alors qu’il s’apprête à rejoindre son nouveau bataillon, un des supérieurs qui s’est pris d’affection pour le jeune homme et voit en lui un potentiel trop important, le fait décharger.
Maitre Lee s’inscrit aux cours du soir de l’université Kookmin, en économie. En compétition, il remporte la coupe du Président. Puis quelques temps plus tard, il entend parler d’un tournoi de combat libre réservé a tout pratiquant ayant au minimum 5 années de pratique a haut niveau dans n’importe quelle discipline. Il y a une épreuve écrite, une épreuve de casse, et à la fin, un tournoi de combat libre.
Un an auparavant, la France recevait pour la première fois une délégation venue de Corée pour une démonstration de Taekwondo. C’est alors que Maitre Henry Plee, père du Karaté en France, ainsi que Marc Bigoureau, homme d’affaires dans le milieu des arts martiaux, se mettent en quête de faire venir un expert coréen.
A l’âge de 22 ans, Maitre Lee remporte le concours haut la main, puis a l’âge de 23 ans, il est envoyé en France.
(3) Les premieres années en France, puis Hong-Kong
Sans un sou en poche et ne parlant pas un mot de français, les premières années sont extrêmement difficiles.
Maitre Lee vit tant bien que mal de petits boulots, assiste aux cours de français à l’Alliance française, puis sillonne la France entière tous les week-ends pour aller donner des démonstrations de Taekwondo.
La difficulté de la langue, le regard des autres, la solitude extrême, mais également les abus de son employeur de l’époque lui donnent énormément de difficulté.
Malgré tout, Maitre Lee reussit à prendre ses marques grâce à l’aide précieuse de Laurent Barberon, l’un de ses tous premiers élèves, et parvient à se faire un nom au sein de la petite communauté des experts des sports de combat.
Il donne des cours dans différents clubs, au Plessis-Robinson, Fontenay-aux-Roses, Chatenay Malabry, Orsay, Paris, et fait notamment ses premières apparitions TV dans l’émission “A nous l’antenne” en 1972, mais également dans une publicité pour les postes de radio Optalix en 1973.
Sur le plan sportif, Maitre Lee coach l’équipe de France de Karaté qui remporte les championnats mondiaux en 1972. Puis en 1973, il emmène la première équipe de France au championnat du monde de Taekwondo en Corée. Et en 1975, il emmène la deuxième équipe de France au championnat du monde à Hong-Kong.
A cette époque, le monde est encore sous le choc à la suite de la disparition de Bruce Lee. C’est alors que Maitre Lee est approché par une compagnie de production Hong-Kongaise, et signe un contrat de 4 films en tant que rôle principale pour la “East HK Film company”.
Maitre Lee tourne quelques films, et commence à se lier d’amitiés avec des grands noms du cinéma à Hong-Kong. Puis découvrant les rouages secrets derrière cette énorme industrie, Maitre Lee prend la décision de revenir vivre en France.
(4) La Police
En 1976, de retour en France, Maitre Lee ouvre son premier club attitré au Boulevard de Montmartre dans le 9e arrondissement de Paris. A cette occasion, il organise un passage de grade et fait venir 5 maitres coréens, tous 6e dan et plus. Une première dans l’histoire du Taekwondo français.
Durant les années qui suivent, Maitre Lee va poursuivre insatiablement ses efforts sur tous les fronts : il continue agressivement la promotion et le développement du Taekwondo en France – devenant une figure incontournable du monde des arts martiaux -, et il poursuit sa carrière d’acteur en faisant de nombreuses apparitions dans différents films, spots publicitaires, et séries TV.
En 1984, il est contacté par la Police française qui lui propose de rejoindre leur service. A son grand étonnement, il découvre que les services ont un gros dossier sur lui et qu’ils l’ont suivi durant des années, depuis une fameuse bagarre au début des années 70, durant laquelle Maitre Lee a neutralisé 13 individus qui tentaient de le racketter rue de la Huchette, dans le quartier de St-Michel, à Paris.
Pendant plus de dix ans, Maitre Lee partagera sa vie entre ses élèves, son dojang (= académie en coréen), sa famille, ses 3 enfants, et son rôle au sein du ministère de l’intérieur.
Officiellement, il portera le titre d’enquêteur, allant même jusqu’à être formateur des troupes d’élite du RAID. Officieusement, il participera à de nombreuses missions publiques et confidentielles, durant lesquelles il mettra plusieurs fois sa vie en danger pour le gouvernement français.
(5) Le pionnier du Taekwondo français et des arts martiaux coréens
Après plus de 10 ans de bons et loyaux services rendus à la France, Maitre Lee comprend qu’il n’a plus sa place au sein des services, et se retire de la fonction publique pour se dévouer entièrement aux Arts Martiaux.
Il officie quelque temps en tant que directeur technique nationale pour la Fédération Française de Taekwondo et Disciplines Associés (FFTDA), puis démissionne de ses fonctions à la suite de divergences avec l’équipe dirigeante en place.
Maitre Lee devient alors “Persona non grata” au sein de la FFTDA. Les grades qu’il décerne ne sont plus reconnus par la fédération. Sa première génération d’élèves sont maintenant des ceintures noires émérites avec pour certains, près de 30 années de pratique. Nombres d’entre eux ont désormais leur propre club et leurs propres élèves, et se voient contraints de faire un choix pour pouvoir continuer à évoluer dans le circuit fédéral.
A la fin des années 90, Maitre Lee se résigne à faire cavalier seul. Il introduit en France une nouvelle discipline coréenne appelée le “Hapkido“, une discipline qui se concentre sur le self-défense, les projections, et les clés.
Dans les années 2000, Maitre Lee fait venir de Corée des équipes de démonstrations pour présenter le Hapkido, mais également le Taekkyeun, la discipline ancêtre du Taekwondo qui est un jeu d’échanges de coups de pieds sur un rythme régulier convenu avec son partenaire.
Par la suite, il commence à enseigner l’utilisation des armes longues avec le Haidong Gumdo, et les armes courtes avec l’utilisation des Taekwon-bong, des petits bâtons courts de la taille d’une matraque. Puis finalement, il décide de formaliser sa propre méthode qui synthétise la somme de ses connaissances, pour se concentrer exclusivement sur la partie self-défense et combat.
Il appelle cette discipline le Hoshin Moosool.
(6) Et maintenant
En 2019, Maitre Lee a fêté son 50e année anniversaire d’enseignement en France.
A bientôt 74 ans, il continue d’enseigner tous les jours de la semaine dans son académie en région parisionne, et de sillonner les routes de France pour aller à la rencontre de ses élèves en Province et à l’etranger.
Aujourd’hui, son enseignement est dédié exclusivement au retour du Taekwondo traditionnel, et au développement du Hoshimoosool, la discipline dont il en est le fondateur,